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La méthode Montessori adaptée aux personnes âgées souffrant de démence
La méthode Montessori adaptée aux personnes âgées souffrant de démence

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La méthode Montessori adaptée aux personnes âgées souffrant de démence

20/11/2024

« Soigner les personnes âgées avec la méthode Montessori est un changement de paradigme »

Anne Kelly est infirmière australienne, pionnière et référente mondiale dans l’application de la méthode Montessori pour accompagner les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs. Elle est directrice du département Montessori pour le handicap, la démence des personnes âgées au sein de l’association Montessori international. 

Quel est votre parcours ? Je suis infirmière et travaille depuis 45 ans auprès des personnes âgées. Depuis plus de 15 ans, j’adapte la méthode Montessori -bien connue pour l’éducation des jeunes enfants, aux personnes souffrant maladies neuro-évolutives. Je l’ai développée en Australie, où l’approche était très nouvelle. J’ai été lauréate de la bourse Churchill en 2009 qui m’a permise de voyager dans le monde pour rencontrer des professionnels appliquant cette méthode et pour la diffuser.

En quoi consiste la méthode Montessori pour les personnes âgées ? Il s’agit d’un modèle de soin basé sur l’autonomie et l’engagement, non seulement pour les résidents mais aussi pour les professionnels. Il donne la possibilité aux personnes âgées de faire des vrais choix, en mettant en place des stratégies adaptées à leur niveau de démence ou de leurs handicaps pour optimiser leur bien-être. 

Avec donc des effets pour les équipes ? Pour elles, c’est une nouvelle manière de travailler avec le gain de voir les résidents beaucoup plus épanouis. On constate également une baisse du taux d’absentéisme, des soignants plus heureux. Le recrutement s’en trouve facilité, parce que travailler avec des personnes atteintes de démentes aux comportements parfois agressifs, souvent perçu comme « difficile », devient plus gratifiant et moins stressant. Lorsque l’on met Montessori en place, l’organisation des soins gagne en confort pour tous. 

Concrètement, quel est le changement de posture pour le professionnel ? Je pars de l’hypothèse que chaque « trouble » du comportement chez la personne démente a une explication : il s’agit d’en comprendre la raison. Ainsi, l’un des comportements typiques de ces malades est de rentrer dans la chambre des autres. Or, l’intrusion se produit souvent parce que la personne cherche son endroit familier, « sa » pièce. Dans de nombreux d’établissements, les chambres sont toutes les mêmes, les portes identiques. Comment dès lors puis-je trouver ma chambre ? Personnaliser la chambre, la porte, diminue le risque d’intrusion. 

Autre comportement typique, le questionnement répétitif…Il est en effet très commun qu’une personne pose la même question, répète la même phrase toute la journée. A Montessori, nous produisons beaucoup de supports écrits pour donner l’information. Ce que les personnes ne peuvent retenir dans la tête, écrivons-le clairement dans leur environnement. Par exemple : « Mon fils me rend visite tous les jours à 14 h ». 

Cela bat en brèche un autre mythe, celui que les personnes atteintes de démence ne peuvent apprendre ? C’est d’ailleurs ce que j’ai appris en formation d’infirmière. Or, les personnes peuvent apprendre. Et sont capables de savoir où est leur chambre. La lecture est un savoir que l’on perd en dernier dans la maladie. A condition que les caractères utilisés sur ces supports soient suffisamment grands pour être lisibles. Dans l’approche Montessori, on utilise un écran pour comprendre ce que les personnes sont capables de déchiffrer comme taille de caractères afin de confectionner des cartes avec la typologie adaptée. 

Exergue « Ce sont des messages très important message parce que notre vision de la démence est que l’on perd ce que l’on a appris. Si les soignants savent cela, cela change tout ! » Docteur Sam Bundhoo, médecin coordonnateur de la résidence médicalisée de Montesson.

Idem pour la capacité de reconnaître ses proches ? Dans Montessori, on va par exemple prendre une photo du fils, en faire un puzzle avec la personne qui ne semble plus le reconnaître. Et le placer sur un panneau avec l’intitulé « Mon fils, John ». Puis proposer à la personne de recomposer régulièrement le puzzle de la tête de son fils. Plus elle le répète, plus elle réapprend : mon fils John ressemble à cela, j’imprime l’image de mon fils... C’est une question de compréhension de la mémoire procédurale, une grande force sur laquelle on s’appuie. Plus vous entrainez le cerveau, plus il fonctionne. Mais si vous laissez les personnes à ne rien faire, il se détériore rapidement.

Quel lien faites-vous entre l’environnement et les troubles du comportement ? L’environnement est fondamental, surtout à un stade avancé de la maladie. Les comportements difficiles sont souvent une réaction à l’environnement mal adapté. Créer un environnement sécurisant, qui fait du sens, permet de réduire les agressions et les résistances. Cela passe aussi par le respect et la gentillesse, dans les interactions. Ca n’est pas le patient qui change mais son environnement, la façon d’être avec lui, de le soigner. A cet égard, l’un des autres objectifs est de réduire l’usage des médicaments. 

Est-ce que cela nécessite davantage de personnel ? La méthode Montessori ne demande pas plus de tâches pour les professionnels mais celles-ci sont plus focalisées sur les besoins des personnes. Par exemple, on sait que les personnes âgées atteintes de démence vont mieux si elles se réveillent naturellement … Notre première préconisation est de mettre en place un buffet, par exemple entre 7h00 et 10 h 30, qui permet aussi à l’équipe d’étaler les tâches matinales. Dans l’approche Montessori, beaucoup de façons de faire doivent changer, mais toujours sous le signe du bon sens. En prendre conscience est déjà important et demande de repenser la culture du soin, parce que les équipes sont conditionnés à des méthodes.

C’est une autre façon de considérer le patient ? Par exemple, en l’impliquant dans le quotidien de son lieu de vie. En lui demandant de mettre la table, de nettoyer, de faire la vaisselle… ce sont des choses qu’il a toujours faites ! Et en associant les familles qui évidemment ont besoin de connaître le bénéfice de ces tâches pour leurs aînés – comme pour les enfants. On peut commencer avec de petites choses simples et immédiates : repenser la signalétique, encourager l’usage des badges avec le prénom de chacun, résidents comme professionnels. Savoir le nom des personnes autour de soi est essentiel pour établir des liens. L’idée est de trouver pour chacun du sens : celui dont nous avons tous besoin chaque jour pour sortir de notre lit.  

Un replay de présentation de la méthode est disponible ici : https://youtu.be/BXJGqB2amFE?si=ucbyFLS77wtpoxOx.

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