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Ergothérapeute auprès des équipes de soins à domicile
28/11/2024
Nicolas Boulogne est ergothérapeute au Pôle gérontologique de Magnanville. Il intervient dans plusieurs services : l’Hospitalisation à Domicile (HAD), le Service de soins infirmiers à domicile (Ssiad), le Centre de Ressources Territorial (CRT) Yvelines nord et l’Equipe mobile pour le maintien à domicile des personnes handicapées vieillissantes (EMPHV). Il exerce des missions d’évaluation de l’environnement du patient et d’accompagnement des conditions de travail des équipes.
Quel a été votre parcours professionnel ? J’ai travaillé en soins de suite et de réadaptation auprès de personnes accidentées de la route et en Unité de Médecine Physique et Réhabilitation (UMPR), ainsi qu’en expertise dans les assurances, puis en adaptation du logement. L’ergothérapeute intervient en en rééducation, réadaptation et réinsertion auprès de tous les publics et âges, dans des domaines et pour des troubles variés, physiques et psychiques.
Vous faites partie des équipes travaillant à domicile, quelles sont vos missions ?
J’ai rejoint les équipes du secteur domicile, voici deux ans. Je fais des évaluations d’entrée avec les infirmières coordinatrices et teste les transferts (passer du lit au fauteuil, par exemple), ainsi que la capacité de marcher des personnes. Ceci pour préconiser, voire de les prescrire la mise en place d’aides techniques, d’achat de matériels ou d’aménagements du domicile. Mais aussi pour évaluer la charge de travail des soignants lors de leurs interventions pour garantir des conditions d’intervention sécurisées et efficaces. J’interviens également à leur demande pour réévaluer les situations qui évoluent dans le temps de la prise en charge.
Les deux sont donc liées ? Absolument. L’objectif est double : il s’agit que les soignants ne se blessent pas - j’évalue pour cela quels sont les besoins en matériel et humain (mise en place de binômes professionnels, apports de techniques gestuelles) - pour que les conditions de travail soient les plus appropriées et sécurisées possibles, ce qui a un effet direct sur la qualité des soins prodigués. Pour les patients, l’objectif est de maintenir leur autonomie le plus longtemps possible.
Quelles sont les aides techniques possibles ? Les conditions de leur mise en place varient selon le dispositif. En HAD, c’est le service qui finance mais en Ssiad ou pour le maintien à domicile cela revient aux familles. Cela peut être un obstacle pour les publics modestes ou pour les personnes âgées seules atteintes de troubles cognitifs. J’interviens sur prescription médicale* et peux moi-même désormais prescrire : lit médicalisé, matelas spécifique, fauteuil roulant manuel, fauteuil de confort… Je peux aussi préconiser des solutions auxquelles les gens n’ont pas forcément pensé, comme des fauteuils roulants électriques ou des conseils d’aménagement du logement, par exemple un monte escalier.
Auprès des soignants, quelles sont vos satisfactions et votre place ? Je suis le seul professionnel à exercer ce type de mission. Les soignants avaient appris à se débrouiller seuls et se sont progressivement tournés vers moi pour bénéficier de mon expertise. Aujourd’hui, ils se sentent écoutés et savent pouvoir compter sur mon appui pour améliorer leurs conditions de travail.
Et auprès des patients et bénéficiaires ? C’est un métier où nous voyons des améliorations concrètes ! Nous sommes dans une recherche constante d’autonomie. J’incite les soignants à stimuler les patients parce que dès que l’on met en place le matériel, la perte d’autonomie est rapide. Nous ne sommes pas là juste pour faire des toilettes mais bien pour freiner la dépendance, solliciter les capacités et maintenir l’autonomie ! Certaines personnes, grâce à une bonne stimulation et à des adaptions, progressent bien plus que prévu. J’apprécie particulièrement le travail d’équipe. Le regard des aides-soignantes est essentiel pour observer les changements chez les patients. Cela exige une attention constante et une capacité à sortir de la routine, de manière à s’alerter dès qu’une situation évolue.
Quel est votre regard sur l’efficacité du maintien à domicile ? Le maintien à domicile est une alternative précieuse pour lutter contre l’isolement des personnes âgées ou en situation de handicap. Des dispositifs comme le CRT permettent une meilleure coordination et une stabilisation des conditions de vie à domicile des personnes, d’autant que nous ne sommes pas dans l’urgence. Ainsi qu’une ouverture sur l’extérieur. L’ergothérapeute travaille d’ailleurs dans une approche holistique, en prenant en compte tous les aspects de la vie de la personne. L’être humain est supérieur à la somme de ses parties. Nous devons évaluer son environnement architectural, financier, matériel et humain mais aussi ses besoins sanitaires et psychiques.
*donc du médecin traitant dans le cas du Ssiad.