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Epilepsie : Les bénéfices de la vitamine D
20/01/2025
L’Hôpital de Jour Lionel Vidart de Créteil prend en charge des patients souffrant d’épilepsie pharmaco-résistante. L’équipe de cet hôpital a mené une étude2 sur le taux en vitamine D des patients et les moyens de prévenir une carence.
« La vitamine D agit sur différentes parties du corps : les os, les muscles, les organes, le système immunitaire et le cerveau. Dans le cerveau, elle a un effet positif sur l’humeur mais aussi, chez le patient épileptique, sur la survenue des crises. En s’assurant d’un taux normal de vitamine D, on améliore la qualité de vie du patient. » Le docteur Hélène Charlot, pharmacienne gérante de la pharmacie de l’Hôpital De Jour (HDJ) et le professeur Vincent Navarro, neurologue spécialisé en épilepsie adulte3, conseiller médical et scientifique de l’HDJ, ont voulu mesurer les taux de vitamine D de leurs patients et étudier les différentes modalités de supplémentation.
Une molécule à réhabiliter
Depuis quelques années, est observé un regain d’intérêt pour la vitamine D. Ses effets semblent bénéfiques dans plusieurs maladies comme le diabète, la dépression, le cancer, la sclérose en plaques et l’épilepsie. Francine Chassoux, neurologue et spécialiste de l’épilepsie à l’hôpital Sainte Anne a mené une étude prospective pour tester la vitamine D comme médicament adjuvant dans l’épilepsie4, à laquelle a participé l’équipe du Pr Navarro : « L’étude publiée suggère de façon importante que tous nos patients épileptiques ont tendance à être carencés en vitamine D. Plus encore, plus le patient a une épilepsie sévère et handicapante, plus il est carencé. C’est un résultat d’envergure à communiquer à nos collègues pour doser le taux des patients et le corriger. L’autre résultat crucial est que lorsque nous traitons cette carence, non seulement la qualité de vie du patient est améliorée mais aussi le nombre de crises diminue.5»
Environ 600 000 personnes souffrent d’épilepsie en France et parmi elles, 200 000 d’épilepsie pharmaco-résistante. Certains patients pourront bénéficier d’une prise en charge neuro-chirurgicale ; pour les autres, aucun traitement efficace n’est disponible et les conséquences des crises sont graves.
Des résultats à diffuser
L’étude menée à l’HDJ prolonge cette première démonstration comme le retrace Hélène Charlot : « J’observais que mes patients chutaient fréquemment – à cause des médicaments et des crises- et me suis dit que la carence en vitamine D pouvait augmenter le risque d’ostéoporose, chez ces patients pourtant jeunes, et donc augmenter le risque de fracture osseuse. Nous avons mesuré les taux sanguins de vitamine D de nos patients, et étudié les différentes modalités de supplémentation en VD. L’avantage de l’HDJ est que nous disposons d’un budget pour les bilans biologiques et nous avons pu mettre en place l’étude assez facilement. » Nous avons distingué les patients prenant leurs médicaments à domicile ou à l’HDJ afin d’identifier la modalité préventive la plus efficace : « Au départ, nous avions un meilleur taux de vitamine D chez les patients prenant leurs traitements à domicile mais à partir du moment où nous avons encadré l’administration de cette vitamine, en un an, nous avons inversé les résultats. Nous avons aussi pu vérifier qu’administrer au moins une fois/mois, durant toute l’année, une ampoule de vitamine D permettait aux patients de leur assurer un taux normal. »
Des résultats précieux qui confortent ceux de l’étude de Francine Chassoux « et doivent pouvoir être communiqués largement dans les nombreuses structures médico-sociales (Mas, Fam, etc.) où il faut redorer l’apport de la vitamine D, dont les effets positifs ne sont pas assez reconnus », ajoute Vincent Navarro. Fort de cette première étude, un nouveau protocole sera finalisé pour parfaire le mode d’administration de la vitamine D afin que tous les patients puissent retrouver un taux normal.
1 L’Hôpital De Jour (HDJ) Lionel Vidart accueille une quarantaine de patients atteints d’épilepsie pharmaco-résistante associée à un handicap moteur ou psychiatrique.
2 Journées Françaises d’épilepsie, Marseille, octobre 2024. Auteurs : Hélène Charlot, Patrick Verstichel, Tayssir Debaisse, Anne Grunberger, Vincent Navarro, Gabriel Villafane PhD, Hôpital de Jour Lionel Vidart, Fondation Léopold Bellan, Créteil.
3Chef de service de l’Unité de l’épilepsie de l’adulte à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière - Centre de référence épilepsies rares.
4 Vitamin D deficiency and effect of treatment on seizure frequency and quality of life parameters in patients with drug -resistant epilepsy: A randomized clinical trial, Chassoux et al, epilepsia 2024
5 L’étude compare une cohorte vitamine D vs placebo avec en cas de carence, deux prises/mois. Les effets positifs ont été constatés à un an avec une diminution statistiquement significative du nombre de crises d’épilepsie.