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Educatrice de jeunes enfants
04/10/2024
« Nos métiers ne se résument pas à bien aimer les enfants »
Au cœur de l’une des plus grandes crèches de la Fondation Léopold Bellan, qui accueille 66 enfants âgés de deux mois et demi à trois ans, Gladys Regnault, éducatrice de jeunes enfants (EJE) est aujourd'hui directrice adjointe. Forte de son parcours atypique, elle nous parle de sa vision du métier et des défis du quotidien.
Quel est votre parcours ? J’ai été adoptée à 3 semaines en Colombie, c’est un élément important de mon identité. Comme me l’ont répété mes formateurs, on ne devient pas éducatrice de jeunes enfants (EJE) par hasard. C’est ce que j’ai découvert au cours de ma formation, entreprise après quelques années d’école de théâtre : pour faire ce métier, il ne suffit pas « d’aimer les enfants », mais bien de croire au rôle fondateur de l’éducation. J’ai compris pourquoi je voulais accompagner les enfants dans les premières années de leur vie : pour les aider à bien grandir.
Et au sein de la Fondation ? J’ai effectué des stages dans différentes crèches du réseau. J’ai travaillé dans le secteur privé avant de revenir à la Fondation. J’y ai été éducatrice terrain, éducatrice encadrante puis directrice adjointe depuis 2024. Au quotidien, je gère les plannings des trois sections (bébés, moyens et grands). J’encadre et accompagne les professionnelles et l’éducateur encadrant, afin qu’il ait plus de temps à consacrer à chaque enfant. J’aime tout ce qui est fait « en coulisses » pour que les enfants soient bien toute la journée. Pour qu’une journée se passe bien, de façon fluide et rythmée, nous pensons l’organisation, avec les professionnelles, en concevant des activités qui répondent aux besoins de l’enfant.
Comment construisez-vous les projets en crèche ? Tout part des besoins des enfants : nous observons les situations en croisant les regards des professionnels que nous analysons ensuite. Puis, nous rédigeons des propositions d’actions et d’évolution des pratiques. Cela peut concerner l’aménagement de l’espace, la composition des groupes d’enfants, les comportements comme les pleurs, colères, ou morsures...
En quoi consiste, spécifiquement, votre rôle ?
J’aime beaucoup aider, permettre aux professionnelles de prendre conscience de la qualité de leur accompagnement et les valoriser – les métiers de la petite enfance le sont rarement dans notre société. Trop souvent, les professionnelles de la petite enfance sont vues comme des gardiennes d’enfants qui changent des couches et donnent des biberons alors que leur métier est tellement plus subtil ! Mon rôle est donc d’accompagner les projets que nous concevons afin qu’ils soient moteurs pour les elles.
Avez-vous du temps pour être auprès des enfants ?
J’aime organiser mes journées entre des tâches administratives et éducatives. Je ne peux pas soutenir les professionnelles sans voir ce qui s’y passe, parfois une matinée ou une après-midi entière, pour prendre le temps de jouer, de renforcer une équipe, pour un temps de repas ou pour participer à une activité …
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
J’aime être avec les enfants au quotidien, les voir s’épanouir et grandir dans le jeu, même lorsqu’ils rencontrent des difficultés. Et aussi écouter les parents, leur histoire, comment ils se sentent dans leur peau d’éducateur. J’aime encourager les professionnelles, leur faire mesurer combien leur accompagnement a permis l’évolution d’un petit au cours d’une année.
Qu’est-ce qui est plus difficile ? La tension financière dans les structures de la petite enfance, le manque de reconnaissance salariale et, paradoxalement, la communication fausse sur nos métiers, parfois relayée par des instituts de formation peu scrupuleux. Cela peut générer un manque de confiance accordé aux structures… que l’on retrouve parfois chez certains parents. Or, nous ne pouvons travailler qu’avec la confiance des familles, c’est le socle de nos métiers éducatifs. Cependant, nous sommes préservés ici : le personnel est stable, est expérimenté. Nous travaillons dans de très bonnes conditions, une sérénité indispensable à tous.