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12/11/2025
Daniel Boumtje est l’un des deux surveillants de nuit du Service Appartements renforcé de Courbevoie accueillant 25 jeunes confiés à La Protection de l’Enfance, ayant connu un parcours de désinsertion. Une mission de sécurité mais avant tout éducative.
« Ce que j’aime dans ma mission, c’est le rapport avec ces jeunes au parcours chaotique. Leur apporter un peu de ce qu’ils n’ont pas reçu au sein de leur famille. L’attention, le dialogue mais aussi le cadre et la discipline, dans de petits gestes simples du quotidien, indispensables pour grandir et évoluer. » En alternance avec son collègue, Daniel Boumtje prend son service dans le pavillon de Courbevoie en début de soirée, semaine et week-end. Ce pavillon accueille les activités des 25 jeunes âgés de 16 à 21 ans, filles et garçons de ce service innovant, dont l’équipe éducative accompagne dans des appartements, des jeunes en difficulté d’insertion, vivant jusque-là l’hôtel, dans la rue ou en foyer.
Un dialogue primordial
En début de soirée, Daniel fait une transmission par téléphone avec l’éducatrice d’astreinte, qui détaille la journée de chaque jeune : ses activités, les points positifs, ceux de vigilance… « J’ai besoin d’en savoir le plus possible -surtout lorsque je ne les ai pas vus la veille ou le week-end- pour suivre également la façon dont les consignes ont été appliquées : un jeune auquel j’ai demandé de ranger sa chambre, vérifier si un autre s’est bien levé pour aller en cours, si un troisième est toujours malade…» Vers 22 h en semaine, Daniel commence sa tournée, en voiture, dans les différents appartements où vivent les jeunes, seuls ou en colocation, à 3 maximum. En semaine, les mineurs doivent rentrer à 21h chez eux et les majeurs à 22h.
Daniel emprunte un itinéraire différent chaque soir et ne prévient pas les jeunes de son passage : « pour que les jeunes ne s’habituent pas ». Il sonne et ne se sert des clés qu’en cas d'urgence. Avec chacun, il prend le temps de discuter : « Je prends de ses nouvelles, l’invite à me raconter sa journée. Je suis issu d’une famille d’éducateurs, l’aîné de ma fratrie et ai beaucoup travaillé auprès de jeunes, j’ai donc un bon sens relationnel avec eux. »
Sécurité et respect de l’intimité
Autre valeur transmise, le respect, auquel Daniel est très attaché : « Le respect verbal - avec les adultes et entre eux – mais aussi la façon dont ils respectent les affaires de leurs colocataires ». Ou encore l'hygiène – corporelle et du logement : « Ils sont jeunes pour vivre seuls mais nous sommes très attentifs à ce qu’ils entretiennent leur appartement. Ils ont de la chance d’être accueilli dans un lieu agréable et confortable et doivent en prendre soin. Je suis ferme sur ce point. » Tout en étant très respectueux de l’intimité.
Un équilibre à trouver entre liberté et la première mission du surveillant de nuit, veiller à la sécurité de ces jeunes, dont certains ont parfois vécu dans la rue et qui doivent retrouver un rythme jour/nuit : « lors de mon passage, si un jeune censé être présent n’est pas rentré, je l’appelle et repasse plus tard. Il faut à la fois faire confiance et être vigilant, et sans cesse rappeler les règles. »
Collectif et continuum éducatif
Et intervenir si besoin, lorsqu’il surprend, lors de ses visites à l’improviste, des situations à risque : « C’est l’objectif du service appartements renforcé. Ces jeunes ont besoin d’un cadre, d’être accompagnés de façon contenante, d’où la continuité de notre accompagnement entre le jour et la nuit par l’équipe : éducatrices, cheffe de service, maîtresse de maison, psychologue et veilleurs de nuit… pour assurer le maximum de présence auprès de ces jeunes pour les aider à construire leur avenir, le plus stable possible. » Ainsi des ateliers collectifs, animés par les professionnels et des partenaires, sont organisés dans le pavillon ressources y compris le soir : soirées cinéma, jeux, repas, sport… « nous avons le loisir de prendre des initiatives si les effectifs sont suffisants », déclare Daniel Boumtje.
Le surveillant fait à son tour une transmission, écrite, après sa tournée et peut recevoir de nouveaux appels des jeunes, voire retourner auprès d’eux : « Parfois ils ont besoin de discuter, parfois ils me demandent de leur rapporter un doliprane ou s’ils n’ont pas mangé, de les dépanner… Cela fait partie du processus éducatif de leur dire que je ne suis évidemment pas à leur disposition », expose Daniel Boumtje qui conclue « Récemment, nous avons fait une réunion en soirée avec les jeunes. Je les ai remerciés d’être tous venus. Et leur ai dit que s’ils avaient des attentes – activités, sorties…- ils devaient nous offrir l’occasion de le leur donner. Le projet pédagogique ne peut se faire qu’avec eux. »